Fidèle à une tradition ancrée depuis plusieurs saisons, pas mal d’années, le Centre culturel continue de réunir régulièrement des artistes (plus ou moins) locaux, tous genres et pratiques confondus, pour un week-end généralement bien rempli, festif et riche de rencontres et de découvertes. Oyou ouvre cette fois ses portes à trois artistes eux-même multidisciplinaires, à qui il est parfois arrivé de se croiser, mais dont cette expo d’un week-end, les 19 et 20 octobre (avec vernissage dès le vendredi soir) constitue le premier projet vraiment concerté.
Bien connu des Marchinois, de toutes celles et ceux qui fréquentent le Centre culturel (dont il fut président), mais aussi de ceux qui ont gravité autour des secteurs de la culture et de la jeunesse à la Province de Liège, Luc Navet profite, après une trajectoire professionnelle bien remplie, de son « temps retrouvé » pour s’adonner deux fois plutôt qu’une à la sculpture (essentiellement mais pas seulement...). Travaillant le bois et la pierre, de préférence, mais aussi d’autres matières, triturant surtout les idées, nombreuses et insolites, qui lui passent par la tête, Luc Navet a eu l’occasion de voir l’année passée une jolie publication dresser une sorte de synthèse de son travail. Il aime surtout à retrouver et renouveler ses fondamentaux: l’engagement en art (mais aussi plus largement, dans tout ce qu’il fait, vit, entreprend), le souci de l’autre et de ce que la culture permet d’échanger, une bonne dose d’humour et de dérision aussi, sans quoi il n’y a pas, on le sait trop bien, d’avancée ni d’expérience humaine possible!
Deux artistes viennent, à ses côtés, compléter la proposition mais aussi, plutôt que de simplement voisiner, tenter de tricoter un véritable dialogue. Paty Sonville d’abord, sculptrice émérite et figure bien connue de ceux qui fréquentent le CEC L’Atelier(s) des Avins, poursuit de longue date une route bien personnelle, qui ne doit rien à personne et surtout pas aux effets de mode. Si elle privilégie une ligne racée, un certain souci même de l’apparence design, elle aussi garde l’œil et la main sur le meilleur des carburants: le plaisir! « Jongler avec les matières, les formes, les juxtaposer, les couper, les plier, les souder. Tout déplacer sans cesse, comme si c’était un jeu où l’on peut interchanger les formes, les couleurs, les lignes, les ombres, les images qui apparaissent au fur et à mesure… et puis, à un moment donné, fixer l'objet et passer au suivant. Découvrir, ressentir, avoir le regard en éveil. Rester active, créative et, surtout, toujours avoir du plaisir ! »
Sculpteur, peintre, Giorgio Rubino est aussi photographe et — on le sent dès le seuil de son atelier — un inlassable chercheur, en quête d’un équilibre suffisamment en retrait du monde (un coin de verdure à Jenneret) pour y redécouvrir mieux certaines choses essentielles, nourries de nombreuses expériences et d’un passé qui l’a amené à voyager pas mal, à résider au loin. De Giorgio Rubino, José Strée, artiste lui aussi, écrivait récemment, avec justesse: « Ce que l’on ressent à l’approche de ses sculptures, c’est à la fois une impression de douceur attractive et de mise en garde, comme au sein des fonds marins où l’ondoiement inoffensif côtoie le danger. Le piquant et le tranchant s’harmonisent avec les incurvations, les concavités, les espaces dégagés, dans des épousailles que créent les torsions, les inflexions, les mouvements, les appuis… On songe également à ces pelards que l’on découvre en forêt, ces bois dont on a enlevé l’écorce et dont il ne reste que de fantomatiques et fragiles échardes, que l’on emporte parfois, ou même que l’on collectionne. »
Trois personnalités fortes, brutes de décoffrage à leur manière, pour une brève mais intense rencontre — prometteuse en tout cas!
À OYOU, Place de Grand-Marchin, 4 à 4570 Marchin
Samedi 19 et dimanche 20 octobre 2024, de 10h à 18h
Vernissage le vendredi 18 octobre à partir de 18h30
Entrée libre
Infos : manu@oyou.be
Image : Luc Navet, série « Escalier pierre petit granit et acier », 2014
