Dans le cadre de la 11e Biennale de photographie en Condroz, OYOU et la Librairie Papyrus proposent une exposition de Dani Tambour au coeur de la librairie.
Artiste textile, figure « locale » bien connue et pourtant trop discrète, Dani Tambour travaille depuis de nombreuses années sur le thème du grenier, greniers de grand-mères où l’on entre sur la pointe des pieds, dédales de souvenirs où l’on se perd, réservoir de toutes les curiosités. En Afrique où elle a passé les premières années de sa vie, elle n’avait pas de grenier. De retour en Belgique, elle vit dans une maison avec un grand grenier vide, sans ces « Trésors imaginés d’un grenier imaginaire » qui initieront l’inventaire de son travail (couture, broderie, installations…) et de ses séries: « Les sièges », « Les napperons, écritures et autres dentelles », « Les poupées », « Herbier », « Les parures », « Le temps des roses », « Laines bouillies » — et autres lambeaux admirables.
« Précarité des choses, béance de l’absence, nostalgie: c’est sur ce terreau que poussent les fleurs fragiles de la vie et de la poésie dans l’œuvre de Dani Tambour. Proust partait, dans ses romans, à la recherche du Temps Perdu. Dani, par ses broderies, accomplit le même voyage. Comment ramener à la surface, à la vie, une réalité disparue, parfois même inexistante (le grenier qu’elle n’a jamais eu et auquel elle rêvait).Comme elle le dit en se rétractant devant les questions qu’on lui pose : « Moi, je ne sais pas philosopher, je cherche juste à créer mon grenier. ». Mais que trouve-t-on dans un grenier ? Les traces de vies antérieures, d’êtres disparus – vieux meubles, vêtements, ornements, photos, vieux livres, ou même lettres parfois. C’est l’endroit où peut couver l’imaginaire, où l’on peut recréer un réel poétisé. Ainsi va-t-elle, par le lent parcours des points de broderie, recréer des sièges et des coussins, repeindre , ligaturer et festonner des paires de gants. Parfois aussi, ouvrant un livre, elle rebrode des passages littéraires qu’elle peut très bien associer à des phrases évoquant ses propres souvenirs (« Boire du thé de la lune », « Mon édredon rouge »). » (Juliette Rousseff)
Travaillant également à partir de photos anciennes, d’objets-fétiches, témoins d’un passé réel ou inventé, Dani rehausse par la peinture, relie par le fil, assemble par le coton des matières, des couleurs, des bribes de récit — broderies délicates à la bordure du cœur. C’est tout cet univers, par petites touches, que l’on retrouvera lors de la Biennale de photographie en Condroz tant dans son installation intime d’ex-voto à la chapelle Man-Loup, que dans le dialogue que son travail installe avec la céramique, dans l’atelier de Marie Beaudry.
Dani vit toujours dans une maison sans grenier.
À la Librairie Papyrus
Rue Bas de la Place, 16
Namur
Du mercredi 7 juin au samedi 8 juillet 2023
Ouvert du lundi au samedi de 10h à 18h
Entrée libre
Image : Dani Tambour, de ma série Mais de quelles couleurs étaient nos vêtements ?